À Lorient, l’escouade mer du commando Ponchardier prend d’assaut la navette de Groix .
Les commandos s’entraînent plusieurs fois par mois en prenant d’assaut la navette de Groix. C’est une préparation aux opérations en haute mer.
Le Télégramme/Alice Gleizes
L’embarcation rapide commando prend d’assaut la navette de la Compagnie océane qui relie Lorient à Groix.
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Depuis la navette de Groix, les voyageurs assistent à l’exercice de l’escouade mer.
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L’escouade mer du commando Ponchardier est régulièrement projetée sur des opérations de lutte contre le narcotrafic ou le contre-terrorisme maritime. En exercice, elle s’entraîne au large de Lorient, sur la navette qui relie Groix.
Deux formes noires tranchent la mer en direction de l’île de Groix. Ce sont les embarcations semi-rigides de l’escouade mer du commando Ponchardier. Très vite, le port militaire de la base des fusiliers marins s’éloigne derrière une traînée d’écume. À bord, des hommes en noir, encagoulés, remontent leurs cache-cous sur le nez. Ce matin-là, le groupe de commandos va prendre d’assaut la navette de la Compagnie Océane, qui assure la liaison entre Lorient et Groix.
Les voyageurs sont prévenus au dernier moment par le commandant de bord, et s’amusent en observant le groupe se hisser sur le pont.
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Cap et vitesse
Cet exercice est reproduit plusieurs fois par mois, les voyageurs réguliers entre l’île et le continent en sont témoins. Il s’agit d’une mise en situation. « S’il venait à y avoir une prise d’otages sur un ferry, nous devons être prêts à mener un assaut nautique, pour que les commandos reprennent le navire en main et traitent tout ce qui est terroriste ou preneur d’otages », détaille le premier-maître Nicolas (*), chef de raid. Son rôle, « faire la liaison radio avec les aéronefs, calculer, coordonner et gérer le timing sur l’eau ». Dans une vague d’embarcations, il est le leader et « donne le cap et la vitesse » aux pilotes, qui suivent scrupuleusement les ordres, avec une extrême précision.
Quand le vent vient du sud-ouest, Groix protège la rade. Alors, on attend la fin de la traversée pour taper.
À bord, la main gantée du pilote remonte le levier du boîtier de commande latéral, et l’embarcation accélère. À fond de cale. « On peut monter jusqu’à 45 nœuds (80 km/h environ) ». À cette vitesse sur les flots en courroux, le vent ne laisse pas de répit. La houle s’adoucit aux abords de Groix. « Quand le vent vient du sud-ouest, l’île protège cette partie de la rade. À ce moment-là, on attend la fin de la traversée pour taper [lancer l’opération, NDLR] si la mer est mauvaise ».
Le but de l’exercice pour le pilote : se rapprocher au plus près de la coque du ferry, afin de sécuriser les marins qui vont se hisser jusqu’au pont.
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À l’assaut
Dans cette course à deux vitesses en pleine mer, la navette de la Compagnie Océane en impose à côté des huit mètres de long des deux embarcations rapides commando (ERC). L’une reste en retrait dans le sillage du navire, pendant que l’autre prend les devants et file vers la cible pour se rapprocher au maximum de la coque, jusqu’à la coller. À l’assaut.
En période estivale, les touristes qui voient des mecs en cagoule grimper au navire, ça peut leur sembler bizarre !
« Ceci est un exercice de sécurité », annonce le capitaine de la navette au micro. Les passagers se penchent à la barrière pour observer la scène. Un homme en noir apparaît sur le pont, il fixe solidement l’échelle à la barre métallique. « En entraînement, l’un de nous assure la sécurité à bord du navire. En opération réelle, il n’y aura personne pour contrôler si le système de grappin est bien accroché », rappelle le premier-maître.
La douzaine d’hommes se hisse jusqu’au pont en quelques secondes, malgré le poids des armes (factices) et de la tenue étanche. « Les passagers sont prévenus quelques instants avant. Parce qu’en période estivale, les touristes qui voient des mecs en cagoules grimper au navire, ça peut leur sembler bizarre ! », ironise le chef de raid.
La nuit, il y a un côté plus anxiogène. Tu perds certains de tes repères.
Dans le noir
« Il a fait bon aujourd’hui, imaginez la nuit, en plein hiver », rient les marins sur le retour à la base. La plupart des opérations commando ont lieu de nuit. Dans la tourmente, « le froid transperce l’équipement ». Pour « se rapprocher du réel », les commandos s’entraînent aussi « sur des ferries, à Roscoff ou Saint-Malo, plus hauts et plus compliqués à franchir », poursuit le premier-maître Nicolas. « Il faut que l’on arrive discrètement ».
Dans l’obscurité, la difficulté augmente. « Le pilote d’embarcation va avoir une lecture de la mer beaucoup moins évidente que de jour, surtout pour négocier les vagues, tu ne les vois pas et ça te tombe dessus ». Et les lumières de la cible, à savoir le navire à prendre d’assaut, peuvent être éteintes. « La nuit, il y a toujours un petit côté anxiogène qu’il n’y a pas de jour.
Tu perds certains de tes repères visuels, surtout en approchant la cible », souffle le chef de raid. Mais quoi qu’il en coûte, les commandos marine « surgissent du ventre de la nuit », dit l’adage. En toute discrétion.
(*) Dans cette série de reportages, nos interlocuteurs sont nommés par leur grade suivi de leur prénom, pour respecter l’anonymat que leur fonction impose.
Source : Alice Gleizes Le Télégramme.
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