À 75 ans, Dominique Kieffer continue de faire vivre la mémoire de son père, le capitaine de corvette Philippe Kieffer, et l’héroïsme des 177 combattants du célèbre commando qui portait son nom. Rencontre.
Dominique Kieffer lors de l’entretien avec Esprit défense, en avril 2024. - © SCH Christian Hamilcaro/Dicod/Ministère des Armées
Vous êtes très active pour transmettre aux jeunes l’histoire du commando Kieffer. Pourquoi vous être engagée dans cette démarche ?
Dominique Kieffer : Mon père est mort en 1962, quand j’avais 13 ans. Ma mère s’occupait alors de ces choses-là. Je l’accompagnais régulièrement aux cérémonies, et nous allions tous les 6 juin en Normandie pour les célébrations. J’y retrouvais les vétérans. Ils étaient un peu tous mes papas. En discutant avec eux, j’ai petit à petit pris connaissance de l’histoire de mon père, dont on parlait finalement très peu à la maison. J’ai ensuite pris la relève de ma mère, et c’est ainsi que j’ai découvert toute l’importance du commando Kieffer.
Une préparation militaire Marine porte le nom de votre père. En tant que marraine, comment participez-vous à la vie de cette unité ?
C’est important que ces jeunes connaissent l’histoire du nom de leur préparation militaire. J’assiste donc régulièrement aux moments importants de leur année. Je pense que rencontrer quelqu’un de la famille Kieffer, ça rend les choses concrètes. Dorénavant, ce groupe vient tous les 5 juin en Normandie. J’accompagne chaque promotion sur la tombe de mon père, où se déroule une belle cérémonie. C’est sympathique de voir tous ces jeunes motivés et de discuter avec eux lors du pot amical.
Vous intervenez également dans les écoles. Comment le message est-il reçu par les élèves ?
Il y a quelques années, un professeur d’histoire m’a proposé d’intervenir dans une classe, ce que j’ai accepté avec plaisir. Je me suis alors rendu compte que les élèves avaient des idées un peu étranges sur la guerre. Pendant ces conférences, je leur raconte mon histoire, je les écoute et, en même temps, je partage avec eux des idées sur la liberté et sur l’égalité. Je leur dis toujours : « Je ne viens pas raconter la guerre, mais plutôt la paix. » Je pense que c’est utile, même s’ils ne reçoivent pas à 100 % le message.
Nous vous retrouverons donc le 6 juin en Normandie ?
Évidemment ! Le moment que je préfère, ce sont les célébrations à Colleville-Montgomery. À l’heure pile du débarquement (7 h 23), des fleurs sont jetées à la mer depuis un bâtiment de sauvetage en mer. Nous regardons ces gerbes osciller sur l’eau depuis la plage. C’est très émouvant pour moi. J’imagine la première vague débarquant à cet endroit précis, à cette heure précise. Aujourd’hui, les gens allongés sur leur serviette ont remplacé les soldats. Mon père aurait dit : « C’est la vie qui reprend. Il faut rire, il faut s’amuser. » Le Débarquement, c’est le début de la fin de la guerre : c’est aussi une fête.
Recueilli par Laura Garrigou
Cet article est tiré du numéro 11 d’Esprit défense.
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